Les partis qui composent le gouvernement connus la semaine prochaine
Le chef du gouvernement désigné, Habib Jemli, s'est dit "prêt à toute éventualité, malgré l'avancée des négociations avec les partis qui composeront le prochain gouvernement et le refus de certains d'entre eux le principe de neutralisation des ministères souverains", soulignant qu'il annoncera les partis formant son gouvernement au début de la semaine prochaine.
Dans une déclaration mercredi à l'agence Tunis Afrique Presse (TAP), Jemli a indiqué qu'il est "déterminé à neutraliser les ministères de la souveraineté" et que le parti qu'il a chargé de former le gouvernement (Ennahdha) "en était convaincu". Il a précisé avoir élaboré un certain nombre de scénarios et de solutions alternatives concernant la prochaine coalition gouvernementale et qu'il poursuivra ses consultations avec les différentes parties impliquées dans la formation de ce gouvernement.
Le chef du parti démocrate, Mohamed Abbou, a confirmé mardi dans des déclarations à la presse "que son parti s'attache toujours à certaines garanties, en plus des portefeuilles de la la Justice, de l'Intérieur et de la Réforme administrative, pour participer à ce gouvernement.
Dans cette déclaration à l'agence TAP, Jelmi a également indiqué qu'il souhaitait constituer "une ceinture importante de blocs parlementaires autour du prochain gouvernement, même si certains blocs n'accorderaient pas la confiance" à son gouvernement.
En ce qui concerne le pati Qalb Tounes dirigé par Nabil Karoui, que plusieurs partis refusent de faire partie avec lui de la prochaine coalition au pouvoir, le chef du gouvernement désigné a affirmé avoir rencontré une délégation de ce parti lors des consultations, au cours de laquelle il lui avait expliquée que la place naturele de Qalb Tounes était l'opposition.
A cet égard, il a expliqué que son gouvernement n'inclurait pas les ministres appartenant à ce parti, notant qu'il est ouvert "aux compétences n'appartenant pas à ce parti, connues pour leur intégrité et leur efficacité au travail".
Les négociations
Habib Jemli a indiqué à propos des critiques à son encontre selon lesquelles il ne serait pas maître des négociations : "Le palais Dhiafa de Carthage a été témoin de toutes les phases de discussions relatives à la formation du prochain gouvernement, à commencer par la préparation du programme pour déterminer les priorités et la structure du gouvernement et l'examen des CV des compétences pouvant être impliquées".
Il a ajouté que "le débat en cours entre les partis entre eux, au sujet de leur alliance lors de la prochaine étape et d'engagement avec la coalition au pouvoir, relève de leur plein droit", notant qu'il s'enrichit "de toutes les compétences de ces partis", en particulier de celles qui "sont honnêtes, qui n'ont pas de problèmes avec la justice, en plus de diverses compétences indépendantes".
Mesures urgentes
Au sujet de son annonce mardi sur la prospection d'un ensemble de mesures urgentes à annoncer dès que son gouvernement recevra la confiance du parlement, il a précisé qu'elles "comprennent des aspects économiques et sociaux visant à réduire la pauvreté et la privatisation".
Il a ajouté qu'il s'agit d'actions urgentes qui seront rendues publiques, ainsi que d'un programme pour le travail du gouvernement pour les cinq prochaines années.
La ville de Jelma, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, a été le théâtre de mouvements de protestation ces derniers jours contre la marginalisation et le chômage. La région de Hajib El-Ayoun, dans le gouvernorat de Kairouan, a également été le théâtre d'une manifestation de paysans exigeant que les prix des olives soient ajustés à la vente.
Restructuration de la présidence du gouvernement
En réponse à une question sur son travail de restructuration du gouvernement, Habib Jemli a estimé que "l'ancienne structure du palais du gouvernement à la Kasbah résultait de la concentration du pouvoir au palais de Carthage, car le Président de la république prenait le contrôle des pouvoirs politiques et de sécurité, alors que le rôle du chef du gouvernement restait seulement technique".
Il a fait remarquer que la présidence de la république était "le centre d'un gouvernement de l'ombre" avec les moyens de suivi et de prise de décisions, soulignant qu'il a progressé dans l'élaboration d'une vision pour la restructuration de la présidence du gouvernement, "conforme à la nature du nouveau système politique (semi-parlementaire), qui donne au chef du gouvernement des pouvoirs plus importants".
Dans ce contexte, il a souligné qu'il travaillerait à la mise en place de structures et d'unités d'action à la Kasbah, relevant du gouvernement et dotées de fonctions politiques et de sécurité, chargées du suivi, de l'évaluation et de la liaison avec les organismes nationaux.
Habib Jemli a entamé les consultations pour la formation du nouveau gouvernement à la suite de sa proposition par le Mouvement Ennahda, parti qui a remporté les dernières élections législatives, avant d'être chargé de cette mission par le Président de la république, Kais Saied, le 15 novembre 2019, conformément à Constitution tunisienne.
Jemli, qui a souligné à plusieurs reprises son indépendance et son ouverture aux différentes composantes de la scène politique et aux compétences nationales, a tenu des réunions marathoniennes avec diverses parties concernées par la formation du prochain gouvernement, voire non concernées, ainsi que des représentants d'organisations nationales et de composantes de la société civile et de personnalités indépendantes.
Les consultations pour la formation du prochain gouvernement se poursuivent dix jours avant la fin du premier délai constitutionnel d'un mois (expirant le 14 décembre 2019).
Le chef du gouvernement désigné, a précédemment occupé le poste de secrétaire d'Etat à l'Agriculture, de décembre 2011 à janvier 2014, en tant que "technocrate indépendant", rappelle-t-on. Pendant 14 ans, il a occupé plusieurs fonctions administratives, techniques et de recherche.